Une expérience de l'espace en danse

Conférence – Marilén Iglesias-Breuker

« Ce qui m’intéresse chez Laban c’est la pertinence avec laquelle il a énoncé une méthode pour appréhender l’espace et le temps à partir du sujet. Sa pratique permet à chacun de créer son propre "espace-temps". C’est aussi une méthode qui donne toute sa place à l’improvisation pour ouvrir le champ de la création par l’invention sans limites et sans modèle. »

Il y a tout juste un siècle, Rudolf von Laban développait un corpus théorique dont les principes sont toujours d’actualité, revisités périodiquement par de grands chorégraphes contemporains tels Forsythe. Moi-même j’y ai trouvé une grande source de liberté créatrice.
Grâce à des exemples en vidéo et des explications concrètes, j’aborderai les propositions théoriques de Laban, en particulier celles qui se réfèrent à l’espace.
Dans la « Choreutique », Laban organise l’espace en dehors des lois de la perspective scénique mais, avant de quitter la perspective, nous l’explorerons pour comprendre ce qui amènera à concevoir l’espace autrement et nous parlerons du moment historique où ces pratiques ont surgi. Avec, chez les différentes figures emblématiques de la danse allemande, des pensées parfois opposées : la « danse absolue » de Wigman, face au projet de Laban qui aboutira au « Tanztheater ». Une opposition à la fois esthétique et politique.
Tout au long de cette rencontre, nous évoquerons des concepts fondamentaux de la danse allemande dans son rapport à l’espace : la verticalité, la « kinesphère », les directions, les plans, les volumes, etc.
Nous verrons comment, dans la méthode Jooss-Leeder, l’espace est lié au temps et à l’intensité du mouvement et comment l’explorer en tant qu’élément constitutif des qualités du mouvement. Une approche qui fait appel aux sensations et à l’imaginaire, s’appuie sur l’improvisation et mène à la composition. Les vidéos permettront de voir des exemples concrets de ce travail dans des œuvres chorégraphiques.
Je partagerai avec vous ma fascination pour une forme de danse qui ma happée très jeune et qui mène de l’expression à l’abstraction.
 

Marilén Iglesias-Breuker

D’origine argentine, Marilén Iglesias-Breuker est danseuse, chorégraphe et pédagogue. Son parcours lui a permis de rencontrer de grands maîtres de la danse des deux côtés de l’Atlantique.
Initiée à la danse par Harald Kreutzberg, elle poursuit sa formation à Buenos Aires. Licenciée en sociologie elle part en Allemagne suivre le cursus de quatre ans de l’École Folkwang d’Essen. Elle y étudie plus particulièrement la méthode Jooss-Leeder et aborde la notation Laban. Elle est interprète pour de nombreux chorégraphes, en particulier Jean Cébron, Mitsuru Sasaki et Susanne Linke, dont elle deviendra l’assistante. À New York, elle se perfectionne dans le style Humphrey-Limón et découvre la scène « post-modern » américaine.
Chorégraphe, ses œuvres sont primées dans différents concours (Bagnolet, Nyon, Essen, Paris). De 1985 à 2020, elle fait vivre la compagnie Icosaèdre implantée à Reims, créant une trentaine de chorégraphies tournées en France et à l’étranger, notamment au Japon et en Amérique du Sud.
Parallèlement, elle fonde en 2004 Le Laboratoire Chorégraphique, lieu voué à l’émergence de jeunes talents. Titulaire du Certificat d’Aptitude en danse contemporaine, elle enseigne la pédagogie et la culture chorégraphique dans des centres de formation au diplôme d’État.
Intéressée par la mémoire de la danse elle mène des recherches, écrit et collabore, entre autres, au Dictionnaire de la Danse (Larousse 1999-2008). Co-auteur du film Passeurs de danse (Local Films), elle publie La danse est un art de combats (Ressouvenances 2023), recueil de portraits et entretiens.
Elle est chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

En partenariat avec l'Université du Temps Libre

Accès gratuit uniquement aux élèves du Conservatoire TPM